L’Astragale, le deuxième long métrage de Brigitte Sy, est une adaptation du roman autobiographique éponyme d’Albertine Sarrazin. Une histoire d’amour passionnelle entre un petit voyou et une jeune femme évadée de prison.
A quand remonte l’idée d’adapter ce roman au cinéma ?
Brigitte Sy : L’envie de faire ce film remonte à il y a 4 ans alors que je préparais mon premier long métrage Les mains libres. J’avais du mal à trouver le financement et à ce moment là, le livre d’Albertine Sarrazin m’est revenu en tête avec l’envie fulgurante d’en faire quelque chose. Je l’avais lu il y a longtemps et lorsque je me suis replongé dedans, mon impression s’est confirmée. C’est une histoire extraordinaire et je me retrouvais assez dans le personnage d’Albertine. Le côté autobiographique me plaisait beaucoup, cela me motivait.
Comme dans votre premier film, l’univers carcéral est présent…
Brigitte Sy : C’est vrai que dans mes deux films, l’univers de la prison est là. Cela m’intéressait de rester proche de ce milieu que je connais assez bien pour y avoir enseigné le cinéma durant plusieurs années comme je le raconte dans Les mains libres. Même si dans L’Astragale, c’est de cavale dont il est question.
Pourquoi avoir choisi de tourner en noir et blanc ?
Brigitte Sy : Le choix du noir et blanc est arrivé avec le temps. Au niveau du style cela permet d’être plus dans l’épure, dans la sobriété. J’aime le fait que les visages des comédiens ne soient pas engloutis par les décors.
Avez-vous pris des libertés par rapport au livre ?
Brigitte Sy : Il n’y a pas fidélité absolue par rapport au livre. On s’est adapté, on a écarté certains passages et ajouté quelques scènes, éléments de contexte et personnages comme la guerre d’Algérie ou le personnage de Marie. En fait, le film ne traite que de la première année de passion amoureuse entre Albertine et Julien, de leur rencontre à leur première arrestation.
La fin est-elle la même dans votre film que dans le livre ?
Brigitte Sy : La fin du livre est la même que dans le film et est la seule partie du roman qui est fictive. Dans la réalité, Albertine et Julien se sont fait arrêtés quelques mois plus tard après différents casses mais cela n’est pas raconté pour des raison de confidentialité sans doute.
Leïla Bekhti, comment vous-êtes vous jointe à l’aventure ?
Leïla Bekhti : Brigitte Sy est venue me voir en 2012. On avait déjà travaillé sur d’autres projets ensemble. Même avant de lire le scénario, je savais que j’allais dire oui. La rencontre avec le metteur en scène correspond à 60% de la décision pour moi. Dans ce film, ce qui m’intéresse c’est le regard que porte Brigitte sur Albertine. C’est un personnage pas commun qui vit une histoire folle. Elle dégage un véritable sentiment de liberté. Elle ne réfléchit pas, elle fonce. Elle n’appartient à personne et peut être très cruelle. J’aime également l’idée que ce soit une histoire vraie.
Brigitte Sy : Leïla peut jouer dans de nombreux registres. Elle possède un champ de possibles énorme.
Pourquoi avoir choisi Reda Kateb pour incarner Julien ?
Brigitte Sy : Reda Kateb, je ne le connaissais pas. Je l’avais simplement vu dans quelques films. Selon moi, il est le seul acteur de sa génération qui pouvait incarner Julien. A savoir quelqu’un de bon et de doux mais également capable d’être crédible dans le rôle d’un petit voyou. Quand je vois Reda, j’oublie le comédien et je vois Julien.
Leïla, comme cela s’est passé entre Reda Kateb et vous ?
Leïla Bekhti : Reda Kateb est l’une des personnes avec qui je suis restée la plus proche après Un prophète dans lequel nous avions joué tous les deux. Nous avons une relation presque fraternelle. C’est un vrai bonheur de travailler avec un partenaire comme lui. Tout le tournage a été magique d’autant plus qu’il s’est fait avec une petite équipe, ce qui donnait le sentiment d’une sorte de troupe.
Mathieu Perrichet
Une nuit d’avril 1957. Albertine saute du mur de la prison où elle purge une peine pour hold-up…