People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 02/12/2019

Rencontre avec Mohamed Hamidi et Myra Tyliann

En toute décontraction et simplicité, le réalisateur Mohamed Hamidi et une de ses comédiennes, Myra Tyliann, sont venus nous en dire davantage sur leur comédie populaire footballistico-féminine Une belle équipe.

Quelle est la genèse de votre nouveau film ?
Mohamed Hamidi : L’idée principale à l’origine de ce film est que j’avais l’envie de réaliser un long métrage avec des héroïnes. Je voulais que les femmes soient, pour une fois, au premier plan, mises en avant. Ce qui reste encore plutôt rare. Moi qui ai grandi entouré de 6 sœurs, cela me paraissait naturel. A partir de là, j’ai donc imaginé cette histoire où des femmes prennent le pouvoir au sein d’une petite communauté. Puis, j’ai intégré le foot, parce que c’est un sport que j’aime et qui conserve un côté très masculin, voire machiste. Même si les choses commencent doucement à bouger. Nous avons écrit le scénario à 3, avec Alain-Michel Blanc, mon acolyte habituel, et Camille Fontaine, car il était primordial selon moi d’avoir un regard féminin.

Vous êtes-vous beaucoup renseigné sur le milieu du foot et notamment féminin ?
Mohamed Hamidi : Nous avons rencontré des dirigeants de clubs, des joueuses. Notamment Léa Le Garrec, qui joue actuellement en Angleterre et a joué pour Guingamp le PSG. On s’est beaucoup inspiré de ce que ces gens nous ont raconté. Ce qu’il nous ont dit des coulisses de ce milieu. 
Myra Tyliann : Je ne suis pas du tout sportive à la base et je n’avais jamais fait de foot de ma vie jusque là. Mais depuis le tournage j’adore ce sport. Surtout que nous avons eu la chance d’être coachées par Aurélie Ménard, qui a tout de même évolué en équipe de France. Nous avons eu droit à un vrai entraînement commando pendant environ 2 mois. En fait, tous les matchs à l’écran ont été chorégraphiés au préalable. C’était très écrit.
Mohamed Hamidi : En effet, les comédiennes connaissaient les actions sur le bout des doigts et après nous les laissions jouer. On a d’ailleurs travaillé avec un monteur spécialisé dans le foot pour avoir les bons axes, les bons raccords, etc. C’était important que le rendu soit crédible.

Pourquoi avoir choisi de situer votre film dans un village du nord de la France ?
Mohamed Hamidi : Je voulais que l’histoire prenne place dans un milieu ouvrier, pauvre et passionné de foot. Naturellement, nous nous sommes donc tournés vers l’est et le nord de la France. Si nous avons finalement choisi le nord, c’est que cette région a un aspect cinématographique particulièrement intéressant au niveau de l’image. Du coup, la ville où se déroule le film est un lieu fictif proche de Douai. 

Comment avez-vous constitué votre équipe de filles ?
Mohamed Hamidi : Le casting a été assez difficile à mettre en place car il fallait des comédiennes qui aient vraiment envie de se lancer dans ce projet, qui adhèrent à l’idée de jouer au foot, de s’entraîner dur, etc. J’ai commencé par aller chercher certaines actrices que je connaissais déjà comme Sabrina Ouazani, Céline Sallette et Laure Calamy. Pour les autres, j’ai procédé par des castings tout simplement.
Myra Tyliann : Pour ma part, j’étais dans de la famille en Norvège lorsque mon agent m’a contacté pour me parler de ce projet et m’inviter à envoyer ma candidature. Comme demandé, j’ai donc, notamment, envoyé une vidéo de moi où je jouais au foot avec des amis. Douée comme je suis, j’étais certaine de ne pas être appelée. Et finalement, si… Ca a été une chouette surprise.

Cela a t-il été facile de former une équipe à l’écran ? La complicité était-elle au rendez-vous entre vous toutes ?
Myra Tyliann : Cela s’est fait très naturellement entre nous toutes. On s’est toujours respectées les unes les autres. Le fait que l’on ait des âges différents a également été très enrichissant. Et on a chacune apporté notre petit grain de folie.
Mohamed Hamidi : Ça a sincèrement été le meilleur tournage que j’ai fait jusqu’ici. On était comme en colo. Il n’y a jamais eu de tension, malgré des hauts et des bas parfaitement normaux. 
Myra Tyliann : C’est exactement ça. Je l’ai vécu comme ma première colonie de vacances. Ca a été génial, plein d’énergie. A la base, je viens plus du drame, de projets indépendants. Donc ce tournage a constitué beaucoup de nouveautés pour moi. Il y a avait beaucoup de sourires, de bonne humeur. C’était super.

Pourquoi avez-vous choisi Kad Merad pour incarner le coach ?
Mohamed Hamidi : J’avais rencontré Kad Merad au festival de l’Alpes d’Huez au moment de mon film La vache. Nous en étions venu à discuter de ce nouveau projet, et il s’était montré très emballé par ce que je lui racontai. Me demandant même s’il n’y avait pas un rôle pour lui. Je lui ai alors parlé de ce personnage d’entraîneur et il a tout de suite eu très envie de jouer ce coach. Cela a donc été rapidement une évidence. 

Et comment votre choix s’est porté sur Alban Ivanov ?
Mohamed Hamidi : Je connais Alban Ivanov depuis 10 ans. A l’époque du Jamel Comedy Club. Il a d’ailleurs joué dans mon premier film. C’est un comédien doté d’une incroyable force comique. C’est le bon camarade, qui dégage une vraie bonhommie et un incontestable capital sympathie.

N’avez-vous pas le sentiment d’être un tout petit peu caricatural à certains moments du film ?
Mohamed Hamidi : Absolument pas. Nous n’avons pas voulu être caricatural du tout. Ni envers les hommes, ni envers les femmes. D’autant que je n’aime pas vraiment le cynisme. Nous avons justement voulu témoigné de la diversité des opinions, des points de vue. La dimension sociale, sociétale est parfaitement assumée et voulue. Ce n’est pas un film politique, à message, mais il s’inscrit dans une réalité que j’essaie de refléter le plus fidèlement possible. Avec toute sa complexité. J’offre une représentation sociale d’un milieu. 
Myra Tyliann : Le cinéma de Mohamed est très réaliste. Quand on voit ses films, on se dit que cela pourrait vraiment se passer. Derrière chacun d’entre eux, il y a un vrai message d’espoir à mon sens. Un message qui dit que si l’on veut vraiment faire quelque chose, on peut le faire. C’est un cinéma généreux et bienveillant. 
Mohamed Hamidi : Même si ce n’est pas toujours vendeur de nos jour, le côté bienveillant est tout à fait délibéré.. 

Quels sont vos projets respectifs ?
Myra Tyliann : Je continue à jouer dans Plus belle la vie et j’ai aussi un projet musical. Plutôt urbain, soul, funk, presque jazz. Je suis une vraie autodidacte, mais je fais ça avec une petite bande d’amis sympa donc c’est plutôt cool. J’espère que ça aboutira à quelque chose.
Mohamed Hamidi : J’ai toujours deux idées en tête en même temps. Là, je suis en train d’écrire une comédie avec Jamel, dans laquelle il jouera son propre rôle. L’autre projet concerne le remake de Citoyen d’honneur, un film argentin un peu déjanté. 

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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