People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 14/11/2019

Rencontre avec Noémie Schmidt et Clovis Cornillac

Les comédiens Clovis Cornillac et Noémie Schmidt sont venus nous en dire plus sur leurs rôles de vétérinaires de campagne dans leur nouveau film Les vétos. Une rencontre chaleureuse à laquelle s’est joint Orson, le caniche taille XS de 2 ans de l’acteur. Entretien.

Quelle a été la genèse de ce long métrage ?
Clovis Cornillac : Julie Manoukian, la scénariste et réalisatrice, n’ayant pas pu venir, je vais me faire son porte-parole. En fait, c’est le producteur du film qui l’a contactée afin de lui suggérer de développer une histoire autour des vétérinaires de campagne. Il avait confiance en ses qualités pour trouver le bon prisme et la justesse nécessaire afin de parler de ce thème jamais traité au cinéma. Elle s’est alors prise de passion pour le sujet et est parvenue à écrire un excellent scénario.

Pourquoi s’être centré sur cette profession à la campagne ?
Clovis Cornillac : Certains territoires en France sont de plus en plus désertés. C’est un fait. Si, à l’instar des médecins de campagne, les vétérinaires ruraux étaient des notables à une certaine époque, aujourd’hui, leur vie est loin d’être confortable. Ils ont, pour la plupart, du mal à joindre les deux bouts. Les difficultés sont nombreuses. Pourtant, il ne faut pas oublier qu’ils représentent le premier bouclier sanitaire, comme on a pu le voir lors de la crise de la vache folle notamment. Ils jouent donc un rôle essentiel. Puis, au-delà de la nécessité de soigner les animaux, les vétérinaires créent du lien social. Ils sont ce que les facteurs étaient à une époque. Leur rendre hommage, dans un sens, allait de soi.

La thématique était-elle familière à Julie Manoukian ?
Clovis Cornillac : Pas du tout. Elle a donc commencé par lire énormément de documentations, puis elle a rencontré et suivi des vétérinaires. Julie est quelqu’un de très consciencieux. Elle ne travaille pas à l’économie. La meilleure preuve de la qualité de son travail c’est que les vétérinaires qui ont pu voir le film le trouvent très réaliste, fidèle à ce qu’ils vivent au quotidien. A aucun moment, elle ne trahit la profession. Bien au contraire.

Qu’est ce qui vous a respectivement séduit dans ce projet ?
Noémie Schmidt : Le personnage que j’incarne est, au départ, beaucoup dans la négativité, le refus, la confrontation. C’est une jeune femme qui s’entend mieux avec les animaux qu’avec les gens. Il y a, chez elle, un traumatisme qui remonte à l’enfance et qui la pousse à se montrer méfiante vis-à-vis des autres. Mais, peu à peu, elle s’ouvre. Elle s’adoucit, en même temps qu’elle renoue avec ses racines et trouve sa place dans le monde. C’est l’éclosion d’une femme à laquelle on assiste. En tant que comédienne, montrer une telle évolution a été vraiment intéressant. En dehors du personnage, c’est surtout Julie Manoukian qui m’a séduite. Car si j’avais aimé lire le scénario, je ne percevais pas trop ce que cela pouvait donner. Mais, ma rencontre avec elle a été déterminante et m’a convaincu. Elle était tellement impliquée dans le projet. Sa démarche était sincère, intelligente, sensible. Elle voulait vraiment rendre honneur à ce métier un peu oublié, en déshérence. C’est d’ailleurs pour ces mêmes qualités que j’ai adoré jouer au côté de Clovis Cornillac. 

Clovis Cornillac : Mon vrai premier choc a été le titre. Quand je l’ai vu, je m’en suis tout simplement voulu de ne jamais avoir eu moi-même l’idée de réaliser un film sur cette profession. Cela m’a vraiment surpris qu’aucun long métrage n’ait jamais été fait sur les vétérinaires. Alors même qu’il s’agit d’un métier que de très nombreux enfants rêvent d’exercer. Passé cet étonnement, j’ai trouvé la lecture du scénario intelligente, élégante. C’est un cinéma populaire, familial, intéressant, qui procure des émotions, qui pousse les gens à échanger entre eux. C’est un cinéma que j’aime tout particulièrement, celui que j’aspire à porter désormais. D’autant qu’il s’agit d’un genre très difficile à faire.

A t-il été facile de se mettre dans la peau d’un vétérinaire de campagne ?
Noémie Schmidt : Cela n’avait rien d’évident pour moi car je ne connaissais absolument pas ce monde. Même si, comme beaucoup d’enfants, j’ai voulu devenir véto plus jeune. En revanche, la campagne n’est pas quelque chose de si exotique à mes yeux car la ville où j’ai grandi en Suisse se trouve dans une zone montagneuse. Le côté rural ne m’est donc pas totalement étranger.

Clovis Cornillac : J’ai beaucoup observé les vétérinaires que nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer et suivre pour se préparer. Je me suis ainsi nourri de ce que je voyais. Les acteurs sont de véritables éponges. L’important, au final, était d’avoir l’air à l’aise dans la salle d’opération du cabinet, au niveau de la gestuelle, etc. L’objectif n’était pas que je sache lire parfaitement une radio mais au moins de donner l’impression de savoir le faire de manière crédible. En fait, il s’agit simplement de s’y croire, comme lorsque l’on est gamin. Si tu y crois toi même, cela se ressent à l’écran. Lorsque j’ai joué des rôles dans des cuisines, je n’aurais pas donné à manger à mon pire ennemi ce que j’avais mitonner, mais l’essentiel est que cela semblait appétissant à l’écran. 

Quels rapports entretenez-vous avec les animaux ?
Clovis Cornillac : J’aime beaucoup les animaux. J’ai un vrai rapport grégaire avec eux. Je me sens bien en leur présence. Et si sur un plateau ce n’est pas toujours évident de jouer avec, c’est toujours passionnant. On apprend beaucoup à leur contact. J’avais déjà pu m’en rendre compte par le passé, notamment en réalisant Belle et Sébastien

Noémie Schmidt : J’entretiens un rapport très fort, très instinctif avec eux. Les animaux sont des êtres vivants, parfois plus vivants que les êtres humains. Ils sont intelligents, émouvants. J’ai eu la chance de grandir entourée de nombreux animaux d’ailleurs. Dont des rats. Ce qui m’a permis d’être parfaitement à l’aise avec celui qui m’accompagne dans le film. J’adore ces animaux. Il sont intelligents, sensibles. J’ai du mal à comprendre la répulsion qu’ils inspirent aux gens en général.

Avez-vous réellement aidé une vache à mettre bas dans le film ?
Noémie Schmidt : En effet, c’est bel et bien moi à l’écran. Cette scène de la mise à bas d’une vache a été un vrai moment d’émotion durant ce tournage. Ce n’est pas quelque chose d’anodin. C’est l’arrivée d’une vie sur Terre. Pour un véto, c’est un acte plutôt banal, mais pour moi c’était évidemment une première et ça a été une expérience très forte. Surtout, j’ai eu la chance que l’éleveuse me fasse confiance. Tout comme le vétérinaire qui m’a formé. Ca a été déroutant. Mais ce qui donne de la puissance à cette scène c’est justement que ce qu’Alex, mon personnage, ressent correspond exactement à ce que j’ai ressenti. On est dans le réel. Les émotions ne sont pas simulées.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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