Go Home

A Casa Loro
Genre : Horreur
Sortie le : 16/04/2019 (01H24)
Réalisateur : Luna Gualano
Acteurs : Antonio Banno, Awa Koundoul, Cyril Dorand

Enrico est toujours prêt à défendre sa patrie contre "l’invasion sauvage des clandestins". Alors qu'il manifeste devant un centre de réfugiés, une épidémie foudroyante transforme très vite la démonstration de force en zone de guerre gangrenée par des zombies cannibales. Enrico réussit à fuir le massacre en demandant asile… au centre de réfugiés.

Bande Annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ClrHbGVcFiU



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 22/04/2019

A droite et tout de travers

Le pitch, dans le climat de l’Italie actuel, fait forcément saliver. Pensez plutôt : un facho pur beurre obligé de se réfugier dans un centre de clandestins, les mêmes qu’il voulait renvoyer au bercail dix minutes plus tôt. Pourquoi un tel retournement de bomber ? Parce qu’une fulgurante épidémie de cannibalisme vient de transformer Rome en boucherie à ciel ouvert bien sûr… Bon, sans se mentir, si le propos est limpide – les fascistes sont renvoyés à ce qu’ils sont, c’est-à-dire des dévorateurs du genre humain – il aurait tout juste tenu entre les deux génériques d’un court-métrage. Parce qu’une fois à l’intérieur, Go Home ne tient pas sa promesse : si depuis George A. Romero, le film de zombie aime dissimuler en son sein un sous-texte politique, tout fleure malheureusement ici l’amateurisme et l’ambition étouffée, faute de moyens. Huis clos par obligation (un préau, deux chambres, trois couloirs), Go Home peine à narrer la réalité des conditions d’accueil, les destins et les tranches de vie des migrants, autant qu’à remplir le cahier des charges du film d’horreur (quelques zombies titubent – mal – de ci-de là). L’amitié qui se tisse sans encombre autour d’un ballon de foot entre Enrico et le petit garçon est assez révélatrice de l’absence de conflits durant tout le métrage, pourtant à la base de la dramaturgie. Quant au pamphlet politique, il est tout bonnement évacué après le discours introductif du leader nationaliste au micro de la journaliste, la xénophobie s’étant comme dissoute dès l’arrivée des zombies. A l’instar par ailleurs de l’affiche du film qui, contre toute attente, se garde bien de mettre en scène son protagoniste au profit d’un migrant musculeux, le seul sachant manier la masse pour défendre la veuve et l’orphelin. Un comble ! Par-delà tous les clichés enfilés comme des perles, on retiendra quand même un pessimisme de troisième degré, Enrico jetant l’enfant qu’il protégeait aux morts-vivants pour sauver sa peau. Fasciste un jour, fasciste toujours ?

Jean-Marc Vigouroux

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Hors Compétition au 37ème Festival du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF)
Remerciements : Jonathan Lenaerts et toute l’équipe presse du BIFFF.