Nos vies formidables

Genre : Drame
Sortie le : 06/03/2019 (01H57)
Réalisateur : Fabienne Godet
Acteurs : Julie Moulier, Zoé Héran, Bruno Lochet…

Margot, Jérémy, Salomé, César, Sonia…Ils ont entre 18 et 50 ans. Tout les sépare, sauf l’urgence de se reconstruire et de restaurer la relation à l’autre que l’addiction a détruite. Solidaires, ils ont comme seules règles le partage, l’honnêteté, l’authenticité, la sincérité, l’humanité. Une bande incroyable de vivants qui crient haut et fort qu’on s’en sort mieux à plusieurs que seul.

Bande annoncehttps://www.youtube.com/watch?v=LO3qXkSEGMY



Critique

Par Mathieu Perrichet - posté le 01/03/2019

Presque addict

Avec son nouveau film Nos vies formidables, la réalisatrice Fabienne Godet (Sauf le respect que je vous dois, Ne me libérez pas je m’en charge, Une place sur la Terre) explore la thématique de l’addiction. Dans un long métrage extrêmement proche du documentaire, elle met en scène à l’écran un groupe de narcotiques anonymes au cours de leur thérapie collective, dans une bâtisse de campagne. Au fil de l’histoire, nous découvrons donc ces hommes et ces femmes authentiques, de tous âges, de tous milieux sociaux, aux profils et aux histoires pour le moins divers et variés. Nous faisons la connaissance d’individus en détresse, à fleur de peau, parfois brisés. Qui se sont laissés happer par l’alcool, les drogues, les médicaments pour différentes raisons et qui désirent s’en sortir, afin de reprendre le contrôle et le cours de leur vie. Qui luttent, avant tout contre eux-mêmes pour se délivrer. Mais le chemin s’apparente à un parcours du combattant. Le travail de résilience est semé d’embûches. Le processus de sevrage est douloureux. Entre espoir et désespoir, améliorations et rechutes, volontarisme et défaitisme, confiance et doute. C’est ce que montre avec tact, sobriété, intelligence, subtilité, la réalisatrice en proposant un film très réaliste qui évite l’écueil du manichéisme. De la sorte, Fabienne Godet réhabilite d’une certaine façon ces gens que l’on ne veut souvent pas voir. Ou que l’on a tendance à bien trop vite cataloguer comme des parias, sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. Pourtant, comme le prouve ce long métrage, l’addiction peut parfaitement toucher tout le monde. Nul n’est à l’abri de se retrouver embourbé un jour ou l’autre, ou de voir un proche atteint. C’est pourquoi on s’identifie à ces individus. Sans compter que le travail d’écriture s’avère remarquable et qu’ils sont incarnés par une flopée de comédiens leur donnant vie avec beaucoup de crédibilité. A travers cette tribu hétéroclite, mais unie, foncièrement attachante, on rit, on pleure, on souffre, on espère. On vit de manière intense, la façon dont chacun fait face à ses faiblesses, grâce à une certaine force de caractère et beaucoup de courage. Mais aussi grâce à beaucoup d’empathie, de compassion, d’entraide, de solidarité dont ces hommes et ces femmes font preuve les uns envers les autres. Tous embarqués qu’ils sont dans la même galère. Il y a en cela quelque chose d’enthousiasmant, de rassurant. Car à travers leurs failles, c’est de l’humain dans toute sa complexité, sa solitude, sa misère, sa violence, mais aussi sa beauté, sa capacité à rebondir et à épauler son prochain dont il est question. Nos vies formidables est ainsi un joli film plein de vie, avec du coeur et des tripes. Tout comme on aime.                      

Mathieu Perrichet


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