Profession du père

Genre : Drame
Sortie le : 28/07/2021 (01H45)
Réalisateur : Jean-Pierre Améris
Acteurs : Benoît Poelvoorde, Audrey Dana, Jules Lefebvre…

Emile, 12 ans, vit dans une ville de province dans les années 1960, aux côtés de sa mère et de son père. Ce dernier est un héros pour le garçon. Il a été à tour à tour était chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle. Et ce père va lui confier des missions dangereuses pour sauver l’Algérie, comme tuer le général.

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Critique

Par Raoul Couzin - posté le 26/07/2021

Déni de folie

Jean-Pierre Améris, réalisateur depuis 1994 avec son 1er film « Le Bateau de Mariage », nous présente son nouveau film Profession du Père. Adapté du roman de Sorj Chalandon et réalisé en collaboration avec lui, ce film est l’adaptation du roman autobiographique qui retrace la jeunesse de l’auteur. On y retrouve Benoît Poelvoorde, dans le rôle d’un père mythomane, instable et violent, bien loin des rôles habituellement campés par l’acteur belge.
On nous raconte ici une histoire à la fois dramatique et comique, vue au travers des yeux d’Emile, le fils de la famille Choulans (Jules Lefebvre). A 12 ans, il subit quotidiennement l’influence chaotique de son père, qui l’amènera à devoir mentir à son plus proche entourage. Cette œuvre qui peut paraître fictive, est en réalité un récit autobiographique sur la jeunesse de Sorj Chalandon.
Profession du Père entraîne le spectateur dans la réalité et la violence de l’influence familiale sur un enfant en pleine construction. Le spectateur se retrouve plongé dans un mélange d’admiration et de crainte face à cette figure familiale envahissante, qui distille une éducation instable aux conséquences dramatiques.
Emile, personnage principal présent dans chacune des scènes, est une victime innocente. La succession de scènes violentes psychologiquement pour Émile peut donner une impression de too much. On en vient à se demander combien de temps il tiendra avant de craquer, et donne une impression malsaine de Benoît Poolvoorde, qui se positionne en tyran familial. D’un autre côté, la manière dont est mis en scène Émile - caméra à hauteur de l'enfant - donne de l’authenticité au film. Les différents plans donnent la sensation d’être enfermé avec Émile dans ce cocon familial. Par ailleurs, Jean-Pierre Améris réussit à créer des scènes plus légères au beau milieu d’une histoire dramatique.
On finit par éprouver de la compassion envers ce père, noyé dans sa folie et ses mensonges, qui ne se rendra même plus compte de son état. Il en va de même pour sa femme Denise (Audrey Dana), qui aveuglée par amour, clamera qu’il n’a jamais été fou, tout en avouant que « parfois il est plus facile de ne rien voir ».

Raoul Couzin


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